„Il était une fois…. mes camarades.“

“Elle était la Grande. La grande sœur d´un timide camarade de classe maigrichon qui passait de temps en temps dans la cour en récréation pour voir si tout allait bien. Et je me souviens qu´elle avait la réputation de faire passer un mauvais quart d´heure à celui ou celle qui ne serait pas gentil(le) avec son petit frère. Une promesse qui valait de même pour les autres, une sœur et deux frères encore plus jeunes que nous. En vérité elle n´a touché à personne et on aurait dû s´en douter, je ne me rappelle pas l´avoir vue de mauvaise humeur….

Elle était ma jumelle, peut-être elle l´est toujours. Les cheveux brun foncé, des taches de rousseur, ses yeux cependant sont bleus, le miens sont marrons. Ça n´a pas empêché les professeurs de nous confondre, jusqu´au jour où l´un d´eux nous a strictement défendu de changer de coiffure, l´une devait garder les cheveux ouverts et l´autre attachés. J´ai pensé qu´on exagérait…..

Elle était la Petite. Légèrement potelée avec un amas de cheveux frisés sur les épaules. Naturellement je ne lui ai pas adressé la parole au Lycée, elle était la petite. Une fille bien sage, assimilée, avec un rire superbe. Je n´ai plus vécu sa phase rebelle, mais j´aurais pu m´en douter, la rencontrant à l´université, mince, les cheveux courts, des boucles d´un blond cendré, un tailleur-pantalon en cuir noir. L´envie m´a dévorée, c´est une couleur qui ne me va pas. Elle est devenue une amie. Son rire est toujours superbe et contagieux….

Assises l´une à côté de l´autre, nous avons vécu notre vie scolaire ensemble. Ma plus vielle amie aux cheveux blonds. Je me rappelle les délicieux petits pains qu´elle apportait à l´école, non simplement au jambon ou au fromage, mais des créations fabuleuses. Tomates, œufs durs, camembert, saucisses, radis. En secret nous fêtions ces orgies culinaires sous le banc. On ne nous a jamais attrapées. Elle était toujours particulièrement bien préparée pour les interrogations, les formules de mathématiques lui coulaient du stylo, la physique était sa passion. Aujourd´hui elle prétend que le calcul n´était pas sa force, qu´elle dépendait de moi. Je ne m´en souviens pas, mais l´histoire ma plait…..

 

In: Le Mondes des Anciens Nr. 40, avril 2011 http://www.aaelfv.at/mda_pdf/mda40_web.pdf